- Quentin, peux-tu te présenter en quelques mots :
Je m’appelle Quentin, 38 ans, né à Versailles. J’ai grandi tout près de la cathédrale Saint-Louis. Mes parents ne m’ont pas baptisé et n’ont pas baptisé mes sœurs ainées non plus. Nous avons grandi dans un environnement non religieux mais avec des valeurs chrétiennes. Je suis marié civilement et mes deux jeunes enfants ont été baptisés à la cathédrale Saint-Louis en avril 2023. Ma femme se pose des questions spirituelles auxquelles elle ne trouve pas encore de réponse.
- Quand as-tu décidé de demander le baptême et surtout quel a été le déclencheur de ta démarche ?
Administrativement, c’est à l’occasion de l’inscription de mes enfants pour leur baptême, j’ai décidé de remplir un troisième dossier pour moi-même. Toutefois la démarche spirituelle est, elle, plus ancienne. C’est en 2009, à l’armée, en voyant mes collègues rentrer de la messe avec un grand sourire, puis en les entendant décrire avec enthousiasme les offices auxquels ils participaient et en les entendant chanter que j’ai entendu pour la première fois l’appel. Sans m’en rendre compte sur le moment, je commençais aussi à rechercher la foi. Par la suite, ce désir a été renforcé à mesure que j’apprenais ce que le christianisme était et que je découvrais les principes fondamentaux de l’Église. Il m’a fallu quelques années (14 années pour être précis) avant de trouver la stabilité nécessaire pour finalement me présenter aux portes du presbytère.
- Comment as-tu été accueilli quand tu as formulé ta demande ?
Je me suis présenté deux fois à l’Église. Une première fois en 2010 avec un accueil plutôt maladroit du prêtre que je suis allé rencontrer à La Rochelle. Je l’ai quitté après quelques minutes d’échanges avec beaucoup plus de questions qu’à mon arrivée mais je suis heureux de cette maladresse puisqu’elle m’a permis de mûrir ma démarche bien plus profondément pendant les 13 années suivantes. L’accueil au presbytère de Saint-Louis en 2023 a été très chaleureux. Un grand sourire au milieu d’un samedi bien gris. Le hasard a aussi voulu que j’y retrouve une personne dont j’ai croisé le chemin il y a bien longtemps. Elle se reconnaîtra.
- Peux-tu nous dire comment s’est déroulé la période de préparation au baptême ?
La préparation a duré deux ans. Dans un premier temps, j’ai rencontré les Douillet qui organisaient alors le catéchuménat de la paroisse. Ils m’ont orienté vers Claire et Olivier qui sont devenus mes accompagnants et avec qui nous nous retrouvions une fois toutes les trois semaines. Ensemble, nous suivions les chapitres du « Chemin vers le Baptême » qui est le support écrit à la découverte du catholicisme pour les adultes. Au travers de l’ouvrage et de nos discussions, nous découvrions la Bible, les grands principes du christianisme et menions des réflexions autour de l’évangile, du culte, de la foi et de la vie chrétienne. Durant cette période, sont aussi organisées des rencontres thématiques avec les autres catéchumènes. C’est l’occasion de partager nos points de vue sur nos parcours, de rencontrer les autres accompagnants, le père Olivier (toujours très éloquent) et ainsi de tisser doucement des liens avec la communauté. Bien après la présentation à la communauté, vient l’appel décisif qui engage moralement le catéchumène et, quelques semaines plus tard, le baptême. Pour certains pressés, cette période peut paraître longue. Pour ma part, elle est nécessaire car être catholique ne se décrète pas. C’est un chemin qu’il faut avant tout comprendre avant de l’emprunter. Cette compréhension se fait à petit pas, parfois sur des détails de l’évangile qui peuvent à première vue paraître anodins et finalement revêtir une grande importance. A chacune des rencontres avec Claire et Olivier, j’ai appris des choses sur la vie de Jésus, sur les religions (judaïsme et christianisme principalement) et sur moi-même. Systématiquement, revenaient les questions suivantes : « Suis-je disposé ou capable d’appliquer ces leçons dans ma vie quotidienne ? Suis-je capable d’adopter ces valeurs et de m’engager avec loyauté dans cette voie ? ».
- Tu es maintenant baptisé et membre à part entière de l’Eglise Catholique, qu’est-ce que cela change dans ta vie ?
Je n’ai pas vécu de changement radical. Je me suis rapproché du catholicisme parce que mon état d’esprit était déjà compatible. L’expérience que j’ai vécue est une prise de conscience progressive de qui est Dieu, de ce que Jésus a vécu pour nous, de la profondeur réelle de ses messages. À cette prise de conscience s’est progressivement associée à un sentiment de reconnaissance et de devoir. Un devoir envers Jésus pour honorer son sacrifice, un devoir envers la communauté chrétienne et un devoir envers ceux qui n’en font pas partie pour partager ma foi et le sentiment de paix qui nait de cette foi.
- Enfin veux tu dire quelques mots sur ta relation personnelle avec le Christ ?
Ce matin, j’approchais d’un rendez-vous pour le travail qui ne se présentait pas bien. Près du lieu de rendez-vous, je me suis arrêté dans la petite église Saint-Jean-Baptiste. J’ai remercié le Christ pour ce que j’avais et lui ai demandé d’allumer une petite lumière à la manière d’un phare qui guide les marins pour arriver à bon port. Au bout de quelques minutes je suis ressorti de l’église avec le sourire, apaisé et déterminé et plein de reconnaissance. Ma relation avec le Christ est une relation de confiance dans laquelle je n’attends aucun autre miracle que celui d’obtenir cet espoir nécessaire à ma force morale qui m’élève. Cette relation tend aujourd’hui à devenir une relation paternelle.